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What a wonderful world.

Balle au centre.

2 Mars 2021

Bon. J'ai échoué. Je n'ai pas réussi à écrire ce foutu texte sur le silence avant la date limite du concours de Radio-Canada.
Je ne suis pas vraiment surprise... Ce texte, tel que je l'imagine, est le plus dur qu'il m'ait été donné d'écrire (et oui, je compte ma thèse dans le lot).

Victoire du silence, donc. Je suis un peu amère, et en même temps... en même temps, je me dis que ce n'est pas plus mal. Il était temps que je me rende compte : le silence ne peut mener qu'à un seul endroit, et ce n'est certainement pas au panthéon des écrivains.

Je tiens donc toujours à écrire ce foutu texte. Ne serait-ce que pour raconter les réactions des uns et des autres face à mon silence. Ou pour raconter les différentes variations de silence, et comment certains arrivent à un silence parfait sans ne jamais cesser de parler.
Le silence est magnifique. Il est même grandiose. Il est doux, élégant, hypnotique. Il est terriblement addictif, aussi. À force de le pratiquer, le silence devient rapidement une seconde nature, une évidence voluptueuse. Il est capiteux, et ne laisse derrière lui qu'une trainée de fatigue.
Un épuisement complet.
Une capitulation, qui se réverbère à l'infini dans le silence le plus parfait.

Dans le silence, il n'y a pas de critiques. Pas d'attaques. Pas de piques, pas de gifles, pas de moqueries.
Dans le silence, il n'y a pas non plus de mots horribles. Des mots comme cancer, et incurable. Des mots comme mort, deuil, des mots comme mais qu'est-ce que je vais devenir sans toi.
Dans le silence, le mot dépression n'existe pas. Du moins... c'est ce que je voudrais croire. Je payerais pour y croire. Que dis-je ? Je tuerais pour y croire.
C'est drôle, n'est-ce pas ? J'ai payé quatre ans de ma vie pour obtenir un diplôme de psychologie, aka le métier le plus silencieux du monde, aka théoriquement l'arme la plus efficace pour lutter contre la dépression. Et maintenant, je me répète que si mon silence eût été efficace pour soigner les patients que je n'ai jamais eus, alors il devrait fonctionner pour me guérir de ma propre mélancolie, n'est-ce pas ? C'est comme ça que ça marche, pas vrai ? C'est bien ce que je me suis rentré dans le crâne pendant quatre ans, c'est ça, hein ?
Dites-moi. Dites-le-moi. Pitié, dites-moi que tout ira mieux. Que si je suis bien silencieuse, alors la magie opérera. Que le silence peut tout guérir. Même le cancer. Même la distance. Dites-moi que le silence peut sauver cette situation de merde, parce que putain, je ne suis pas certaine de pouvoir faire autre chose que ça.
Parler ne sert à rien. Crier ne sert à rien. Pleurer ne sert foutrement à rien. Alors pitié, puisqu'il ne sert à rien de se lamenter, dites-moi que garder le silence peut nous sauver.

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