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What a wonderful world.

Le cierge et le scalpel.

19 Mars 2019

Et, dieux! quelle peur je ressentais alors, quelles angoisses me rongeaient! Chaque jour apportait le soleil et le devoir de se battre, encore et encore, contre un ennemi qui se relevait sans cesse. Chaque nuit je me couchais, ou plutôt m'effondrais, l'esprit saisi des vertiges de la bataille. Mais je n'étais jamais dupe, et tandis que le sommeil prenait mon âme, l'angoisse me sifflait aux oreilles de profiter de ce répit aussi éphémère que fragile...
J'étais Sisyphe, et mon bureau était la chambre des Enfers. Et le pire, dans mon malheur, était qu'il restait volontaire. Moi aussi, j'aurais pu fuir, moi aussi, j'aurais pu sortir et claquer la porte, rejoindre mes semblables et vivre cette vie pleine de couleurs et de jouissance dont j'entendais les échos depuis ma fenêtre. Moi aussi, j'aurais pu être heureuse, plutôt que de m'infliger une telle peine. Personne ne me retenait. J'étais bien la seule à tourner deux fois la clef pour verrouiller la porte de ma cage, j'étais la seule à m'enchaîner à cette table d'écriture. Pourquoi? Je l'ignore. Ce n'était ni par plaisir masochiste, ni par désir de rédemption.
La vérité, c'est que j'étais devenue mon propre dieu, à jouer à ce jeu sans fin et sans gains. J'étais à la fois le prêtre et le dévot de ma religion, le pécheur et l'inquisiteur, j'étais à la fois Dieu et Satan sous une même peau.

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